La presse locale fin 19 ème- début 20 ème

La presse locale ancienne, très consultée en bibliothèques et services d’archives, constitue une mine d’informations très riche pour les amateurs d’histoire locale… . Elle reflète les modes de vie et leurs évolutions ; elle rend compte des débats politiques et religieux ; elle témoigne des activités économiques et sociales des territoires.
Les articles de ce premier numéro de la collection « Les carnets d’Avessac »  sont extraits du site RetroNews, plateforme dont la mission est de donner accès aux archives de presse issues des collections de Gallica (bibliothèque numérique de la Bibliothèque Nationale de France) . Retronews propose un accès libre et gratuit à plus de 1 000 titres de presse publiés entre 1631 et 1950 et 15 millions d’articles numérisés .

Focus sur la presse de Loire Atlantique

Quand ce département est créé en 1790 sous le nom de Loire-Inférieure, Nantes siège de l’évêché, en est la seule grande ville (Saint-Nazaire n’est encore qu’un village). Peuplée d’une élite commerçante « mondialisée », premier port négrier de France organisant le trafic entre l’Afrique et les Antilles, la ville de Nantes est en décalage avec le pays rural qui l’environne. C’est la deuxième ville de province, après Lyon, à publier ses propres « Affiches » ( bihebdomadaire de 1757-1773), riches d’informations pratiques sur les navires et la navigation. Également diffusée à Bordeaux (l’autre grand port atlantique), la « Correspondance maritime » (1782-1785) devenue « Feuille maritime » (1785-1794), est une création de Louis-Victor Mangin, fondateur d’une dynastie de patrons de presse nantais.
L’isolement de Nantes au milieu d’un territoire rural qui lui est sourdement hostile, se transforme, à l’occasion de la Révolution, en véritable affrontement. Le 29 juin 1793, la ville tient tête à une armée « catholique et royale » de paysans bretons et vendéens, dont le général en chef, Cathelineau, est mortellement blessé. Pendant au moins 150 ans, ce souvenir va structurer la vie politique du département :
– d’un côté les « Bleus », républicains, citadins avec les journaux : « Le Phare de la Loire » (1844-1944), (« Le Populaire »1874-1939), « Le progrès de Nantes » (1881-1901)…
– de l’autre les « Blancs », monarchistes, ruraux avec: « L’espérance du Peuple » (1852-1938), héritière de « L’ami de l’ordre » (1831-1832) puis de « L’hermine » (1834-1850) ; « Le défenseur de la liberté » (1885-1886)
À partir du milieu du XIXe siècle, l’industrie se développe (raffinage du sucre de l’île de La Réunion, conserverie, métallurgie…), ainsi que le port et les chantiers navals de Saint Nazaire, dont le poids va peu à peu dépasser celui de Nantes. D’autres tendances politiques s’expriment dans la presse de Loire-Atlantique : le bonapartisme, avec« L’union bretonne » (1849-1917) ; le catholicisme rallié à la République, avec « Le nouvelliste de l’Ouest »(1891-1908) ou « Le Marteau » (1903) ; le socialisme, avec « L’avant garde de Nantes et de l’Ouest » (1902-1904), « Le combat de Nantes et de l’Ouest »(1904-1914) ou « Le travailleur de l’Ouest » (1908-1958)…

Lancée par les Britanniques, la mode des bains de mer transforme dès 1824 le port du Croisic en une station fréquentée ; la plantation de pins pour fixer le sable à Escoublac permet de créer la station balnéaire de La Baule. Une presse balnéaire, souvent saisonnière, met les lieux en valeur et fournit des informations utiles aux vacanciers. Les syndicats d’initiative et les agences immobilières se font éditeurs de presse, à Paimbeuf, Pornic, Guérande, Le Pouliguen…

À Nantes, « Le Phare de la Loire » reste le principal quotidien jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Malgré la qualité parfois remarquable de son contenu, il ne deviendra pas un quotidien régional (comparable au « Progrès » de Lyon ou à « La Dépêche » de Toulouse), contrairement à son ambitieux concurrent de Rennes, « Ouest Eclair ».

Découvrez le contenu intégral dans le numéro 1 de la collection « Les carnets d’Avessac »