Le village de Gavressac, quelques éléments de son passé

Le village de Gavressac se situe à l’est de la Hunaudière, en contrebas, dans le fond d’un vallon où coule le ruisseau du même nom. Son origine est ancienne. Son toponyme vient sans doute du gaulois « gabros », la chèvre, et de « acum« , le domaine. Il ne reste malheureusement que peu de traces écrites ou physiques sur le terrain, et les connaissances disponibles reposent sur des témoignages collectés.

Histoire ancienne autour de Gavressac 

Pitre de Lisle, érudit du XIXème siècle, prétend avoir vu « des vestiges de retranchements, d’énormes fossés devant remonter à la plus haute antiquité, au environ du village de Gavressac et de la Hunaudière». Mais rien ne semble indiquer aujourd’hui la présence de tels vestiges. Les personnes consultées à ce sujet et qui ont connu le secteur avant le remembrement ne voient pas  de quoi il pourrait s’agir. On nous indique bien la présence d’un fort décaissement sous la ferme « Ameline » qui peut faire penser à une douve mais qui semble plutôt d’origine naturelle. Peut-être est-ce cela que Pitre de Lisle a voulu décrire comme des vestiges de retranchement?

Autre indice, sur le vieux cadastre de 1844, le cours du ruisseau qui forme au pied du village une forme rectangulaire, comme pour marquer la présence d’une plate-forme, mais pas la moindre trace sur le terrain. Il existe enfin sur le secteur, une parcelle nommée « la motte », et qu’on divise en  « haut et bas de la motte », mais qui renvoie plus certainement à la morphologie du terrain qu’à la présence hypothétique d’une ancienne fortification.

Le marquis de l’Estourbeillon situe là, pourtant, la résistance menée par Gurwand, lieutenant du roi Salomon, face aux vikings, en 869, après la victoire de la Déroute. Mais rien n’est certain.

C’est à Gavressac que le marquis de l’Estourbeillon localise également l’une des 12 frairies de la commune. L’étude du registre des délibérations du général de paroisse de 1781 confirme cette fois les dires de notre érudit. La chapelle frairienne cependant, si elle a existé ne se situait pas là, mais plus probablement du côté de Séreignac, près de la croix Saint-Martin, aujourd’hui disparue .

Concernant « la Motte », il faut y signaler la présence d’un bosquet appelé « Bois de la Motte » et qui existe depuis toujours, trop pierreux pour être défriché. Il pourrait bien y avoir là quelques substructions d’anciennes constructions. Un riverain racontait que c’était à cet endroit que le premier village avait dû s’installer et qu’il était venu occuper le fond du vallon plus tard.

Gavressac, ancienne seigneurie

Gavressac compte aussi, parmi les anciennes seigneuries d’Avessac. Elle était soumise, avant d’y être annexée à la seigneurie plus importante de la Châtaigneraie. C’est ce qu’indique un document de 1786 retrouvé dans le fonds Ricordel. Les seigneurs d’origine ne nous sont malheureusement pas connus.

détail de l’escalier « maison forte »

On peut voir quand on visite les lieux, les ruines d’un bâtiment que l’abbé Dugast appelait la « maison forte » et qui semble avoir été une ancienne demeure de caractère, sorte de manoir. On aperçoit en effet à l’étage une cheminée en schiste qui aurait paraît-il, porté autrefois, un blason à fleur de lys, peut-être celui des Saint-Gilles, seigneurs du Pordor, et ce qui reste d’un escalier en pierre en colimaçon. L’ensemble pourrait remonter au XVIème siècle.

Dans le petit bois, au sud du village, qu’on désigne dans le cadastre de 1844 comme « Bois de la Fontaine » on voit aussi quelques châtaigniers greffés, alignés sur deux rangées dans l’axe de la « maison forte ». Il pourrait s’agir selon certains d’une ancienne allée.

La tradition orale, conservée chez les descendants d’une famille originaire du village, nous rend compte d’un mariage sous la Révolution entre l’un de ses membres, régisseur du domaine, et une demoiselle Recoquil. C’est ainsi que la « maison forte » de Gavressac serait devenue propriété de la famille Tessier. L’étude des registres paroissiaux et municipaux de cette époque nous donne en réalité le 25 juillet 1769 comme date de mariage entre Jean Tessier et Louise Recoquil, tout deux demeurant sur la paroisse d’Avessac. Mais cette famille Recoquil ne peut en aucun cas être assimilée aux seigneurs des lieux puisque, comme nous l’avons dit, Gavressac était déjà depuis longtemps annexé à la seigneurie de la Châtaigneraie.

Organisation de l’espace agricole sous l’ancien régime

                                                                      cadastre de 1844

On relève sur le cadastre napoléonien de 1844 le nom des différentes terres situées autour de Gavressac. Leur étude peut nous aider à comprendre comment était organisé le territoire autour du village. La tradition orale vient complèter l’information.

On trouve à proximité immédiate du village : le « Grand Domaine » qui n’est pas sans rappeler, les terres autrefois mises en culture, sous l’ancien régime, que les paysans avaient gagnées sur la lande.

Les lieux « La Pré » et « la Tenue » au nord du village, qui correspondent au fond de la vallée, laissé en pâture, car trop humide pour être labouré. Une pièce d’eau a dû exister là à une époque puisque la parcelle est également connue sous le nom de « Pré de l’étang » et que la chaussée semble établie sur une ancienne digue.

« Le Vignac » ou « Vignat », à l’ouest, de l’autre côté du ruisseau,  n’est pas sans rappeler la présence de la vigne. La parcelle était d’ailleurs autrefois, avant le remembrement, entourée d’un véritable mur en pierres comme il en existe encore une certaine longueur près du ruisseau, côté village. Il dépendait peut être d’avantage de la Hunaudière, tout comme « les Champs » situé à côté, de l’autre côté de la route.

A l’est, là où se trouve aujourd’hui la ferme « Ameline », le « Clos de la Porte », qui comme son nom l’indique devait être clos.

Plus éloignés ensuite, les lieux des bois et des landes : « Bois d’abas », « Bois du domaine », « Bruyère du domaine », « Petite Lande », « La Rabine » qui désigne une allée bordée d’arbres, « Bois de la fontaine », « Bois de derrière » et « Bois des Champs », et « Bois de l’Enruas ».

D’autres noms existent, « La Roulais », « La motte », et « l’Enruas », sans qu’on puisse véritablement les associer à un type de végétation. On trouve enfin, en aval du ruisseau, le gué du « Pas Rion », par où on passait pour aller de la Hunaudière à la Guérinais.

L’eau : un aspect de la vie d’autrefois

Longeant le « Vignat » se trouvait, jusqu’au remembrement, une viette, du latin « via« , et qui signifie, petit chemin piétonnier. Elle permettait aux gens de la Hunaudière de se rendre à la fontaine de la « Roulla », qui existe toujours, enfouie dans la broussaille. C’était là un vrai problème pour les habitants de la Hunaudière avant que n’arrive l’eau courante du robinet : le village, situé sur une hauteur, n’avait pas de puits, malgré quelques tentatives de forage. Un puisatier y avait même, paraît-il, perdu la vie au début du XXème siècle. On allait donc chercher son eau à la  « fontaine de la Roulla » en empruntant la viette, et il convenait de l’économiser. Une ancienne habitante de la Hunaudière se souvient qu’enfant, elle pouvait avoir soif et qu’il était alors plus simple de prendre un verre de lait ou de cidre que de se désaltérer avec de l’eau.

lavoir

Pour les lessives on descendait aussi jusqu’au ruisseau, en amont ou en aval de Gavressac. Chaque famille à l’origine possédait son coin de lavoir, ou « doué« , formé d’une simple margelle en pierres plates pour s’agenouiller au bord de l’eau. Trois accès étaient possibles à partir de la Hunaudière, en fonction de son emplacement : soit par le chemin qui conduit à Gavressac, soit par la viette du Vignat, soit encore par le chemin qui mène au « Pas Rion ». Ceux de Gavressac s’installaient de l’autre côté du ruisseau, à proximité de chez eux. Ces lavoirs furent les uns après les autres abandonnés, seuls les plus accessibles continuant à être utilisés jusqu’à ce que les ménagères trouvent plus pratique d’utiliser l’eau du robinet. Un de ces lavoirs subsiste encore en contre bas de la route côté village quand on arrive sur Gavressac. On voit également là ce qui reste d’un four à pain qui a servi autrefois aux habitants du village.

Sources

 Les Frairies de la paroisse d’Avessac », par le marquis de l’Estourbeillon, Imp. Bouteloup / Redon, 1912.

 Noms de lieux et itinéraires anciens en Loire-Atlantique de Nantes à la Vilaine et au Brivet », thèse de doctorat d’Hervé Tremblay, 1985.

 Etude du fond Ricordel, Avessac au XVIIIème siècle vu à travers quelques documents d’époque ». Hubert du Plessis, édité à compte d’auteur, 2005.