Promenade artistique avec Donatien Roy, propriétaire du Bois Madame

 

Donatien Roy, naît à Nantes le 17 avril 1854. Fils de Léon Roy, officier de marine et Marie-Lucie, née Massion, il appartient à la grande bourgeoisie nantaise. Troisième d’une fratrie de quatre garçons, il a pour frères Lucien, né le 4 septembre 1850, Marcel, le 5 mars 1852 et Charles (père de Charley) le 26 novembre 1857.
Il se marie à Nantes, le 29 avril 1879, avec Amélie Poisson. Ils auront quatre enfants, Pierre né le 10 août 1880, Donatienne le 14 mai 1883, Bernard le 14 février 1888 et Louis le 7 décembre 1889.

Notaire de profession il consacre avec talent ses loisirs à l’aquarelle et transmet ce goût à ses enfants.
Pierre, l’aîné fera une carrière d’artiste peintre, plus connu aux États Unis qu’en France. Louis Aragon dira de lui qu’il est « le plus grand méconnu du surréalisme ». On le désigne aussi parfois comme un des fondateurs de ce mouvement mais lui même refusera toujours de s’identifier à un style. Il est nommé, en 1933 « peintre de la Marine ».
Bernard, le troisième, est un « touche à tout » de talent, écrivain,chansonnier, peintre, illustrateur, décorateur de faïence, conservateur de musée à Nantes et premier grand maître de l’ordre des chevaliers Bretvins. Il sera nommé en même temps que son frère « peintre de la Marine ».
Donatienne s’exerce aussi à la peinture en amatrice éclairée. Louis, quant à lui, n’aura guère le temps d’exprimer ses talents, mort en 1922 des séquelles de la guerre. Son aîné, Pierre, dira pourtant de lui qu’il était le plus doué de tous.
C’est vers 1880/1885 que Madame Léon Roy, mère de Donatien, entre en possession de la Châtaigneraie sur Avessac, où subsistent encore les restes d’un ancien château datant du XVII ème siècle. Elle s’attache à la région et demande en 1885 à son aîné, Lucien, tout jeune architecte, pas même encore diplômé, de lui construire un pavillon accolé à ce qui reste du château. Son mari meurt le 26 mai de la même année. Elle donne à ses fils les moyens de s’installer. Charles, le dernier, hérite de la Châtaigneraie et prend comme architecte son frère Lucien pour construire vers 1895, l’actuel château. Donatien, quant à lui en choisit un autre pour sa maison du Bois-Madame.
Il profite aussi de ses séjours à Avessac pour se promener, rendre visite à son frère et peindre. Lui et sa famille prennent le train à Nantes et descendent à la gare de Redon, où vient les chercher un cocher attaché à leur service.
Il nous laisse de Redon une aquarelle, datant probablement des années 1910, peinte de l’actuelle rue Victor Hugo. On y voit l’abbatiale, avec sa façade, son clocher d’époque romane et l’autre, d’époque gothique, détaché sur un fond de ciel nuageux.
Au premier plan, à droite, un parc, où se trouve aujourd’hui le parking de la piscine, avec des arbres en fleurs, peut-être des marronniers. Sa signature, en bas à gauche, est facile à identifier.
De cette aquarelle on a tiré à une époque des cartes postales.

Sans doute est-il passé parfois, pour se rendre au Bois-Madame, par la Provôtaie, sur Saint-Nicolas de Redon, où se trouvent les ruines du Châtelet. Mais c’est son fils Bernard, qui très probablement prend le temps de les dessiner, le 10 septembre 1918. La signature, qui se devine encore en bas à gauche, a en effet des similitudes avec celle que l’artiste appose ailleurs sur d’autres peintures.

Le bâtiment principal du Châtelet, qui marque l’entrée d’un ensemble bien plus important et aujourd’hui disparu, semble daté du XIV ème siècle. Il possède encore à l’époque ses toitures. La tour de gauche, en revanche, est déjà effondrée. On ignore quasiment tout de l’histoire des lieux, si ce n’est qu’ils relevaient de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon.
Donatien se fait construire au Bois-Madame, une demeure en pierre d’Avessac qui n’est pas sans allure. Rien à voir cependant avec le château de son frère Charles à la Châtaigneraie, ni même avec celui de la Gaudinais sur Langon que son autre frère Marcel a acquis. Si l’on désigne parfois le Bois-Madame sous le vocable de manoir, il s’agit bien, avant tout, d’une maison de campagne,n’ayant qu’un étage sous les toits, confortable et facile à vivre. Il se raconte dans la famille Roy que Donatien a préféré un autre architecte que son frère dont il craint les envolées de style.

Découvrez le contenu intégral dans le numéro 4 de la collection « Les carnets d’Avessac »