Le cimetière d’Avessac garde encore beaucoup de croix anciennes en fonte qui datent de la fin du XIXème siècle. Elles sont pour la plupart bien entretenues et signées des Fonderies Chevalier, à Redon. Le fondateur de cette entreprise fut Pierre Chevalier. Celui-ci, à l’âge de 13 ans, entrait comme apprenti aux Fonderies de la Hunaudière, puis créait, en 1864, les Fonderies Chevalier. En 1913, après un rude labeur, il prit ses deux fils, Henri et Pierre, comme associés.
Dès les débuts, cette fonderie de seconde fusion fut particulièrement destinée à la fabrication de pièces de fonte brute entrant dans la fabrication des machines agricoles. Néanmoins de nombreuses maisons redonnaises possèdent à leurs balcons des rambardes sorties des usines Chevalier. La Fonderie fabriquait aussi des croix de cimetière et de nombreux ornements funéraires. Les moules nécessaires au moulage de la croix étaient fabriqués en bois. Un socle de pierre maintenait généralement le pied de la croix pourvu de crochets qu’il fallait introduire dans des encoches aménagées par le tailleur de pierre. Le scellement était réalisé avec du mortier ou du soufre.
Le cimetière d’Avessac comporte encore 51 croix en fonte aux décors différents qu’il est intéressant d’analyser. La composition du décor pouvait être choisie conformément aux vœux de la famille pour symboliser la personnalité du défunt. Ainsi donc:
• une couronne de roses agrémentée de chrysanthèmes pouvait être commandée pour une femme morte en couches à moins que la famille ne choisisse à cette occasion une croix plate ajourée avec une vierge et deux anges dos à dos
• une croix plate avec un Christ, des branches de laurier et une cordelière enroulée pouvait être choisi pour un homme jeune rattaché à une confrérie du tiers ordre
• une autre croix plate mais enroulée de lierre de de typha (roseau massue) était destinée plutôt à un vieillard possédant du marais. Ornée de vigne, elle signifiait que le défunt possédait des vignes. Si la croix était ronde au lieu d’être plate, c’est qu’il pouvait plutôt s’agir d’une vieille femme
• une croix plate ajourée, avec le Christ, une couronne, trois clous et des fleurs de chardon était plutôt destinée à un défunt de sexe masculin, tandis que celle agrémentée d’une fleur grimpante et d’un lys étaient plutôt destinée à une très jeune fille
• une croix ronde mais garnie de houx et de fleurs, pouvait être choisie pour une agricultrice possédant des bois
• une croix plate ajourée avec des épis de blé et des fleurs pouvait être en revanche choisie pour un riche agriculteur ou pour sa femme
• une croix plate ajourée avec cordelière, une couronne et trois clous, peut signifier que la personne était membre du tiers ordre de Saint François
• une croix plate avec un Christ, trois couronnes d’épines, six clous et des chardons était plutôt destiné à un homme
• une autre croix plate, ajourée avec seulement un Christ entouré de palmettes en rayons concernait plutôt une famille moins aisée
• certaines, décorées d’épis de blé et de grappes de raisins symbolisaient l’eucharistie et le travail des hommes.
Le prix de ces croix devait être une charge importante pour les familles. Les moins aisées choisissaient une croix de bois qui se dégradait rapidement.