Les eaux douces abritent une vie animale importante. Dans les eaux stagnantes, la plupart des espèces fouille les fonds ou nage à la recherche de leur nourriture qu’aucun courant n’apporte. Les insectes sont nombreux, en diversité et en nombre. Les oiseaux fréquentent les marais pour s’y reproduire ou s’y nourrir ou stationner l’hiver (migrateurs). Les roselières constituent un site idéal pour la nidification. Perché, solidement accroché aux roseaux, le nid de la rousserolle passe souvent inaperçu. Il est si profond que les plus forts coups de vent qui couchent les roseaux ne parviennent pas à faire tomber les œufs ou les poussins. Les locustelles, phragmites des joncs, les bruants des roseaux fréquentent également les roselières. En se rapprochant de l’eau, les râles, foulques, poules d’eau, butors étoilés et marouettes mettent leurs nichées à l’abri des intrus. Les zones peu profondes sont favorables à l’alimentation des canards de surface. Dans les prairies humides, on peut observer des vanneaux huppés, des colverts, des pilets, des sarcelles d’hiver qui viennent se nourrir ou se reproduire.
Inventaire des espèces protégées, rares ou menacées selon l’inventaire de Natura 2000)
a) Les insectes
On trouve des colonies importantes de libellules surtout sur les affluents de la Vilaine, tel que le Don, où les herbiers sont plus développés. La navigabilité y étant moins recherchée, l’entretien des berges est moins important. Les habitats sont très diversifiés, les espèces de libellules y sont plus nombreuses. A l’inverse, dans les zones de marais qui s’assèchent vite ou dont le niveau d’eau est insuffisant (provoquant surchauffe ou manque d’oxygène), les populations de libellules sont peu diversifiées. La richesse en libellules est dépendante de la qualité de l’eau, des herbiers et de la présence d’éléments perturbateurs comme les poissons, les écrevisses et les ragondins. Près de la moitié des libellules de France peut être observée en Bretagne.
Outre la présence des espèces communes, on relève la présence de:
- l’agrion vert (Erythromma viridulum)
C’est une espèce rare et menacée. C’est une petite demoiselle aux yeux rouges qui apprécie les herbiers denses de plantes d’eau comme les renoncules, les petits potamots. Elle se rencontre dans les milieux aquatiques stagnants comme les douves, les fossés ou les mares.
- L’agrion de Mercure
Il est présent dans certains ruisseaux d’ Avessac. Cette espèce se plait dans les petits écoulements d’eau propre et bien oxygénée, les milieux ouverts, aux eaux claires, modérément chargées en nutriments. L’agrion de Mercure affectionne les zones bien ensoleillées à végétation amphibie comme les zones bocagères, prairies, friches…). Les larves se trouvent dans les secteurs calmes, parmi les tiges ou les racines des hélophytes (plantes qui se développent dans les milieux gorgés d’eau comme la vase) et autres plantes riveraines.
Cette espèce est également menacée. Elle a déjà disparu de nombreuses régions d’Europe et du nord de la France en raison de la qualité des herbiers nécessaires à sa ponte ou à ses larves. L’envasement, la pollution par pesticides, les curages importants sont ainsi responsables de sa disparition. De même, cette espèce disparait très vite lorsque les ligneux et les ronces recouvrent les petits cours d’eau qu’elle affectionne. Cette population est donc très fragile.
- Le grillon du marais (Pteronemobius heydenii)
C’est une espèce menacée au niveau national. Il affectionne les grandes végétations de cariçaies comme la grande glycérie.
- Le criquet ensanglanté (Stethophyma grossum)
On le reconnait par le bruit qu’il émet en période de reproduction. Il n’émet pas de stridulation mais un bref cliquetis. Il se plait dans les prairies de bas marais et est présent en grand nombre à Gannedel et Mussain.
- Les papillons
Les papillons de jour sont très nombreux. Les espèces, bien que diversifiées, restent banales.
b) Les poissons
• Le brochet (Esox Lucius)
Le brochet est un prédateur supérieur, il participe ainsi au maintien du bon état sanitaire des populations.
Il se reproduit de février à mai en déposant ses œufs sur une végétation herbacée recouverte d’une couche d’eau peu épaisse (frayères). Les adultes peuvent parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre ces zones de prairies inondées.
Le brochet montre des signes de régression. Ce constat est en partie du aux aménagements hydrauliques ( notamment Arzal) qui ont modifié le régime des cours d’eau et qui ont fortement réduit les zones de reproduction. Par ailleurs, l’envahissement des plantes aquatiques exotiques (élodée dense, jussie) contribuent à rendre les zones de frayère inutilisables pour le brochet. Les marais de Redon représentaient autrefois de vastes et remarquables sites de frayères. Aujourd’hui, seules subsistent de petites zones à Murin et Gannedel.
• L’anguille européenne (Anguilla anguilla)
C’est une espèce protégée.
L’anguille subit trois métamorphoses essentielles au cours de sa vie:
• elle est d’abord civelle, une sorte de larve,
• elle évolue ensuite en anguille au ventre jaune, appelée localement « garciau »,
• elle devient ensuite anguille au ventre blanc, appelée aussi anguille d’avalaison.
C’est en mer des Sargasses, au milieu de l’Atlantique que commence la vie de l’anguille. Elle migre vers nos côtes au printemps, grâce au courant du Golf Stream. Elle est alors sous forme de larve. Elle se nourrit de plancton animal.
Quand elle commence à remonter la Vilaine, elle mesure entre 55 et 75 mm et pèse entre 0,20 et 0,30 g. Elle grandit pendant sa migration et devient noire pigmentée de jaune (d’où son nom local de « ventre jaune ») ou anguille jaune.
Les civelles voyagent de nuit car étant translucides, elles n’ont aucune protection contre les rayons lumineux.
Au terme de leur croissance, qui peut durer de 8 à 18 ans, les anguilles femelles mesurent 45 cm et les mâles 40 cm.
C’est lorsqu’elle commence sa migration de retour qu’elle devient grise, argentée, d’où son appellation de « ventre bleu ». Elle commence cette migration à l’automne ou au début de l’hiver; elle est alors pêchée aux premières crues d ‘automne. Si elle échappe aux bosselles, elle va ensuite parcourir environ 6000 Kms en 120 à 200 jours, nageant à une profondeur entre 1500m et 2000 m. C’est en effet la pression de l’eau qui assure la qualité de sa reproduction.
Les études menées au barrage d’Arzal comme à l’échelle nationale et internationale, mettent en évidence la chute progressive du stock de civelles arrivant sur les côtes et laissent présager un avenir très incertain pour cette espèce. Les facteurs de cette régression sur le site sont notamment la pression de pêche à tous les stades, les parasitoses, la destruction des marais, les ouvrages limitant, voire, bloquant la migration de cette espèce à ses différents stades et les pompages au niveau de certains ouvrages hydrauliques qui entrainent la mort des individus pris au piège.
Certaines espèces de poissons introduites sur le marais de Redon et de Vilaine sont aujourd’hui considérées comme susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques. C’est le cas de la perche soleil, du poisson chat, de l’écrevisse américaine.
c) Les oiseaux
Le marais, en amont de Redon, représente une zone aux potentialités intéressantes pour l’avifaune aquatique nicheuse, migratrice et hivernale, notamment dans la zone de Murin. Le marais de Vilaine représente une zone de gagnage (zone de nourriture) et de transit importante pour de nombreux oiseaux.
On peut observer des bécassines, des vanneaux huppés, en très grand nombre lorsque les hivers sont très humides. Les foulques et les râles d’eau sont plutôt localisés à Murin.
Les phragmites des joncs et les rousserolles effarvates transitent par les marais durant les périodes de migration. Une nourriture très concentrée leur permet de doubler leur poids en quelques jours. Cette graisse est stockée sur la face ventrale, elle leur sert de carburant pour rejoindre les zones d’hivernage et de reproduction distantes de plusieurs milliers de kilomètres.
Les facteurs qui limitent le stationnement des canards résultent des inondations rares ou trop brèves ainsi que le dérangement causé par la chasse et la présence des chemins d’exploitation.
Si les niveaux d’eau sont suffisants au printemps, on peut voir stationner de nombreuses espèces, mais ce n’est plus souvent le cas en mars/ avril où les niveaux d’eau sont souvent trop faibles.
Les oiseaux nicheurs sont en plus petit nombre que les migrateurs. Les colverts et vanneaux huppés nichent facilement; on observe également des bruant Proyer, des tariers d’Europe et des bergeronnettes printanières. Les locustelles et gorge- bleues nichent également en grand nombre. Cette dernière espèce a longtemps été inféodée aux marais saumâtres , notamment les marais salants de Brière avant de coloniser les marais de Vilaine où elle est en phase d’expansion.
Les roselières de Murin accueillent chaque année quelques couples de busards des roseaux. L’installation des oiseaux nicheurs ne peut se faire que dans les roselières non fauchées.
Quelques spécimens (chanteurs, couples ou familles) d’autres espèces ont été recensés en petit nombre: la bergeronnette printanière, le rossignol Philomèle, la fauvette des jardins, le tarier des prés, la fauvette grisette. A noter que les secteurs de Murin et Painfaut sont répertoriés comme zones d’habitat de la chauve souris.
Lorsque le niveau d’eau est correct, en mars avril, on peut observer, en halte migratoire, des passages de canards: pilet, souchet et chipeau.
Les canards granivores recherchent leur nourriture entre quelques centimètres d’eau pour les espèces qui se nourrissent sur les pieds dans les zones d’inondation, comme la sarcelle d’hiver, à 20 cm d’eau pour les espèces qui se nourrissent dans l’eau (tête, cou ou moitié du corps immergés) comme le colvert ou le pilet.
Parmi les canards herbivores, le siffleur ou le chipeau se nourrissent sur pied, ce sont des canards brouteurs, ils s’ alimentent sur l’eau à condition que les herbiers aquatiques ne se situent pas à plus de 40 cm de la surface.
Chez les canards plongeurs, milouin, morillon, la nourriture est recherchée en immersion, à 2 ou 3 mètres en moyenne.
Les canards nicheurs, colvert, sarcelle, souchet, sont exigeants sur les variations des niveaux d’eau. Une brutale montée des eaux peut provoquer la destruction de la couvée. Cette exigence de régularité des niveaux d’eau n’étant plus garantie aujourd’hui, la densité des nicheurs a donc diminué.
d) Les batraciens
Dans le périmètre Natura 2000, les espèces rencontrées lors du recensement de 2005 sont toutes banales. Leur reproduction n’y est pas toujours attestée et les peuplements sont parfois faibles numériquement , voire très faibles (cas des grenouilles vertes dont la baisse des effectifs est flagrante depuis les années 1980). Les aménagements hydrauliques ont, entre autres, contribué à accélérer le déclin des batraciens par la dégradation ou la disparition de plusieurs hectares de frayères dans les prairies inondables.
L’espèce de grenouille la plus fréquente était la grenouille de Lessona (Rana lessonae), aujourd’hui, c’est la grenouille verte (Rana esculenta).
Cette dernière est active nuit et jour, c’est la plus aquatique des grenouilles, elle ne s’éloigne jamais des bords de l’eau, où elle est toujours prête à plonger. Son chant est très puissant. Elle présente, en coassant, deux sacs vocaux qui se gonflent de part et d’autre de la bouche. Pendant la saison froide, elle hiberne en général dans l’eau ou au fond des fossés boueux. Elle redevient active lorsque la température de l’eau atteint 7°C, et sort prendre le soleil. Elle se reproduit vers la mi-mai. L’accouplement a lieu dans des mares herbeuses de 15 cm de profondeur quand la température de l’eau atteint 17°C. Elles s’accouplent toutes en même temps, en quelques jours, jusqu’à une heure avancée de la soirée. Une fois la nuit tombée, la colonie se tait. Les œufs flottent près de la surface et sont chauffés par le soleil. S’ils mangent suffisamment et qu’il fait chaud, les têtards se métamorphosent en petites grenouilles au bout de deux ou trois semaines. Les jeunes grenouilles restent proches du lieu de reproduction. Avec l’arrivée des premiers froids, elles doivent résister aux attaques des oiseaux ou des grenouilles plus grosses. Elles rejoignent alors les adultes et cherchent un site sûr pour hiberner.
Parmi les autres batraciens, on note la présence de la rainette verte qui affectionne les extensions de formations buissonnantes hygrophiles. La rainette verte possède des doigts munis de ventouses. Elle passe la belle saison dans les arbres et n’en redescend que pour la reproduction qui a lieu dans la zone humide.
La grenouille agile (Rana dalmatina) est présente dans les prairies et les fossés. Les crapauds (Bufo bufo), salamandres tachetées (Salamandra salamandra) font partie de la faune du marais.
Localement, la salamandre était appelée « sourgard ». Elle est nocturne et essentiellement terrestre, elle vit dans le bocage et rejoint le marais que pour y pondre des larves déjà bien développées.
Le gros lézard vert était appelé « les pattes vertes » par les riverains du marais; les enfants en avaient peur, ils pensaient que ces lézards collaient à la peau et qu’on ne pouvait les enlever qu’en posant de la glace dessus!!
On rencontre le triton palmé (Triturus helveticus) dans les fossés et les douves.
Quant au triton ponctué (Lissotriton vulgaris ), espèce qualifiée de très rare, il est présent dans le marais de Gannedel.